Le 15 novembre dernier, nous avons rencontré la co-fondatrice de l’école Les Mots à Paris. Avant de se lancer dans ce projet avec Alexandre Lacroix, directeur de la rédaction de Philosophie Magazine, Elise Nebout a dirigé Numa Sprint – anciennement Le Camping – l’accélérateur de startups du NUMA, pendant trois ans. Retour sur ce second « café avec ».
Station Saint-Michel. Souvenirs d’étudiante…
Dehors, il pleut. Ciel gris et pluie battante.
Sur la chaussée glissante,
Je me hâte
Et pousse la porte du numéro 4,
Rue Dante.
Rue Dante… Jolie adresse pour une école d’écriture.
Elise Nebout, la fondatrice des Mots, m’accueille et me guide jusqu’au 2ème « Café avec… » organisé par la Guilde. Je descends quelques marches qui me mènent, non pas aux Enfers, mais plus modestement au sous-sol de l’école, où m’attendent pour seuls supplices un fauteuil moelleux et la douce compagnie de plumes spirituelles – quoiqu’encore assez mal réveillées.
Là, plongés dans une jolie lumière tamisée, nous écoutons Elise nous raconter son histoire et celle de son école, Les Mots. Une histoire qui parle de pépinières, d’entrepreneurs en herbe et d’apprentis écrivains. De modernité, d’intelligence collective et de transmission.
Une histoire qui commence en 2017 quand Elise décide de réaliser son rêve avec Alexandre Lacroix : fonder une école d’écriture. A l’époque, Elise dirige l’accélérateur de startups du NUMA. Un monde de technologies et d’entrepreneurs, de rapidité et d’argent, bien éloigné en apparence du milieu littéraire. Et pourtant… Elise fait le grand écart. Et construit des ponts entre ces deux univers. L’entreprise avait ses lieux : pourquoi pas la littérature ? On incubait bien des projets de startups : pourquoi pas des projets de livres ? L’idée d’Elise est d’inventer une sorte de « pépinière d’écrivains », où des écrivains de métier transmettent leur savoir-faire au sein d’un lieu ouvert, accueillant et moderne. Les codes de l’accélérateur de startup transposés à l’écriture, en somme…
Aujourd’hui, les Mots attirent des élèves de tous horizons et connaissent un succès grandissant. Preuve que la pratique de l’écriture séduit, et qu’un lieu d’apprentissage et de transmission était nécessaire. Pour Elise, franchir la porte des Mots, c’est franchir la porte du réel. C’est quitter le monde du fantasme, des peurs, des doutes et des croyances auto-fondées, et faire le grand saut, pour se confronter en toute objectivité à sa propre écriture. C’est travailler, beaucoup, s’imposer une discipline, c’est apprendre des techniques pour s’améliorer et révéler son talent.
Moi, j’avais envie de rester encore des heures dans ce cocon, lovée dans mon fauteuil, à écouter parler Elise et les autres de « revanche des littéraires », de stratégies de contenu, d’estime de soi, de Sézane, et même d’Obama.
Mais il a bien fallu se séparer,
Retrouver le ciel gris souris de Paris,
Ouvrir son parapluie
Et reprendre le cours de sa vie.
A bientôt, Les Mots !