Le 4 novembre, Jean-Paul Dubois a reçu le Prix Goncourt 2019 pour son roman Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, paru en août dernier aux éditions de l’Olivier. La Guilde des Plumes l’a lu, et vous propose cette rapide critique, forcément subjective…
Dans les romans de Jean-Paul Dubois, il y a des vies. Dans Tous les hommes… comme dans Une vie française, paru quinze ans plus tôt, s’exprime le talent de l’auteur pour inventer les biographies d’hommes attendrissants, qu’on ne peut s’empêcher de rapprocher de leur auteur. Les vies créées et narrées par Jean-Paul Dubois sont marquées par le contraste et un abrupt sentiment de perte : le Paul de Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon finit par tout perdre, y compris – et surtout – ce qu’il aime le plus, comme son devancier d’ une vie française.
Dans les romans de Jean-Paul Dubois, il y a des hommes et des femmes. Riches, pauvres, jeunes, vieux, rabelaisiens parfois, attachants souvent, ils parsèment le récit de rencontres qui donnent à l’existence du narrateur une bonne part de sa richesse. À une exception près, qu’on ne révélera pas ici, les personnages du « dernier Dubois » sont tous en mesure de susciter la sympathie, voire la tendresse du lecteur. Et s’il est éventuellement une vérité que l’auteur souhaiterait nous murmurer, c’est que la plupart des hommes hommes savent être ni entièrement bons, ni entièrement méchants.
Dans les romans de Jean-Paul Dubois, il y a, enfin, une écriture. Les phrases longues y abondent, les termes techniques y fleurissent parfois. Mais dans ce phrasé ample, le lecteur ne se perd jamais et s’amuse souvent des situations décrites avec souvent beaucoup de finesse, voire d’humour. Ce n’est pas le moindre mérite de Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon, qui fait de ce Goncourt 2020 un très bon cru !