Sidérées en mars, déplumées en novembre… Comment vont les plumes, alors que s’achève une année sans pareille ? Comme tout un chacun, nous avons été surpris et bousculés par une crise aussi soudaine que massive. Au printemps 2020, la Covid nous a brusquement placés sous le signe de l’inédit : d’un seul coup s’est ouverte une période angoissante, où bien des discours et des certitudes sont devenus caducs, et passionnante, où la parole était à inventer.
« Foin des craintes, embrassons ( !) ces temps nouveaux », ont pu se dire bon nombre de speechwriters. À bon droit, sans doute : pour une plume d’entreprise, quoi de plus passionnant que d’accompagner son ou sa dirigeant(e) dans un monde totalement bouleversé ? Pour un(e) freelance, quoi de plus enthousiasmant que d’aider ses clients à mettre des mots sur la branloire pérenne ? Munies de ce viatique, nous étions quelques-un(e)s à entrevoir dans le premier confinement une heureuse retraite, choisie, et propice à l’épanouissement… voire à la réinvention !
Neuf mois plus tard, les plumes sont bien obligées d’en convenir : cette fin d’année semble bien dominée par la confusion, fille de profusion… Car il y en aura eu, des discours, pendant ces derniers mois ! Discours souvent martelés, affirmés, claqués à la face des contradicteurs – gare à qui met en doute mon traitement ! Fou qui ne voit pas de complot ! Bien plus rares furent les discours nuancés, critiques, réfléchis… de ceux qui accompagnent une pensée bien plus qu’ils ne l’imposent.
Dès lors, une crise du discours viendrait-elle s’ajouter aux autres, la sanitaire, l’économique et la sociale ? Gageons plutôt qu’en ces temps obscurs et déroutants, les dirigeants, bien évidemment, mais aussi tous nos concitoyens ont besoin d’une parole qui tende vers la clarté. C’est peut-être ici que les plumes ont un rôle important à jouer : à elles de défendre et de faire entendre une parole plus nuancée et davantage partagée.
A la bascule entre 2020 et 2021, les plumes sont un peu comme ce mendiant qui conclut l’Electre de Giraudoux. Rappelez-vous :
« Comment cela s’appelle-t-il, quand le jour se lève, comme aujourd’hui, et que tout est gâché, que tout est saccagé, et que l’air pourtant se respire, et qu’on a tout perdu, que la ville brûle, que les innocents s’entre-tuent, mais que les coupables agonisent, dans un coin du jour qui se lève ?
– Cela a un très beau nom, femme Narsès. Cela s’appelle l’aurore. »
En mettant simplement des mots sur le chaos, les speechwriters montent qu’il faudra encore compter sur eux en 2021. Avec ses 60 adhérents gagnés en 2020, la Guilde des Plumes sera de l’aventure.
En attendant, très bonne et heureuse année à vous et à vos proches !