Yaël Cohen compagnonne avec les mots depuis son enfance. Petite, elle entretient avec eux un rapport quasi magique et se réfugie dans les livres pour vivre les mille et une vies qu’ils contiennent. Lire la fait également s’évader du sympathique chahut de sa famille nombreuse ! Les premières fois qu’elle écrit, le bruit du stylo la captive, l’odeur de l’encre lui parle et les lettres mises bout à bout l’émerveillent.
Adolescente, elle confie joie et colère à son journal intime. Et continue de piocher dans la bibliothèque familiale peuplée de beauté, avec ses nombreux livres d’art et ses grands classiques. Yaël partage des coups de cœur avec sa mère, une « lectrice compulsive », et se passionne pour Zola mais surtout Pagnol, dont la luminosité lui rappelle sa culture méditerranéenne (Yaël Cohen est née au Maroc, grandit à Nice et arrive à Paris vers l’âge de 9-10 ans).
Elle fait ensuite des études de droit et devient juriste, puis directrice juridique dans des cabinets d’avocats et diverses entreprises. Après vingt ans d’exercice, elle se retrouve au chômage. A 45 ans. Son CV, sur lequel figure la mention de ses postes à responsabilités au sein de grandes sociétés lui restreint pourtant les possibles. On lui reproche d’être trop ceci, pas assez cela.
Débute alors une délicate période de questionnements, qui durera cinq ans. C’est l’occasion pour elle de s’investir dans des associations. Et de prendre le temps de la réinvention. Un jour, elle découvre l’existence du métier d’écrivain public. Qui lui apparaît vite comme un futur désirable et envisageable : Yaël aime écrire (quand elle était juriste, elle le faisait toute la journée), sait écouter, s’adapter, et a de solides compétences juridiques. Elle se lance donc en rédigeant différents travaux comme des lettres de motivation ou de résiliation.
Mais Yaël Cohen assure s’être véritablement « libérée » en créant, en 2018, son activité de Plume. Elle décide de suivre des cours d’écriture avec « Les Mots » et profite de cette formation pour écrire une biographie sur sa famille. Une révélation ! Ce qu’elle apprécie aujourd’hui quand elle prête sa plume, c’est pratiquer une écriture qui fait appel aux sens. A celui de la vue en particulier.
Ainsi, Yaël opte pour une vision « à 360 degrés ». Durant les entretiens, elle décèle des indices sur la personnalité de son « modèle » dans le non verbal. Résultat ? Ses clients disent de ses portraits qu’ils sont « dessinés » ou « peints ». Mais, pas question que le texte soit trop « posé » ! Comme pour ses autres écrits, Yaël Cohen joue des phrases courtes et du style « punchy ». Même si pour les biographies elle s’autorise plus de longueur et d’adjectifs, tout en traquant les phrases « lourdes » qu’elle employait à regret lorsqu’elle était dans le juridique.
Désormais, en tant que biographe, « collecteuse de souvenirs », comme elle préfère se qualifier, elle dit raconter des histoires. La clientèle de sa structure, Une Plume à l’écoute, est constituée pour moitié de particuliers. Pour l’autre, de créateurs et créatrices d’entreprises.
En ce qui concerne le versant « corporate », Yaël rédige en tenant compte, bien sûr, des enjeux de communication et de marketing. Cependant, ce qu’elle recherche avant tout, c’est « écrire beau et bien ». Il ne s’agit pas d’écriture persuasive, mais d’écriture sensible. Sur-mesure. De la mise en mots de l’ensemble de ce qu’elle a entendu et perçu de son interlocuteur.
Quand on l’interroge sur son actualité, Yaël Cohen indique développer ses ateliers d’écriture autour de la biographie, lancer des ateliers sophrologie-écriture, ainsi qu’une offre duo avec une photographe professionnelle : portrait photo-portrait écrit.
Comment est-elle arrivée à La Guilde des Plumes ? En rencontrant sa présidente, Anne Pedron-Moinard, lors d’un atelier sur la rédaction de discours. Yaël ne savait pas quel mot choisir pour son activité et le terme de « Plume », que l’association promeut, lui a semblé le plus juste. Elle s’est reconnue dans sa définition, à savoir tenir la plume à la place des autres. Et puis, elle avait très envie de « légèreté » ! Par ailleurs, Yaël Cohen apprécie le dynamisme de la Guilde et l’échange de bonnes pratiques que celle-ci permet.
Comme pour certains de ses « confrères », lire l’aide à écrire. Si cette fervente lectrice est restée fidèle aux classiques, qu’elle fait découvrir à ses enfants, elle dévore beaucoup de littérature contemporaine. Les polars, particulièrement.
A-t-elle peur du syndrome de la page blanche ? A cette question, Yaël répond qu’elle n’y a jamais été confrontée. Pour cela, elle a un truc. Elle dépose d’abord quelques mots de façon spontanée sur un carnet. En effet, faire le geste d’écrire manuellement l’aide à amorcer sa réflexion. Dans un second temps, elle retravaille le texte sur ordinateur et ne garde pas grand-chose de ce premier jet. Ce n’est pas grave, avec ce procédé, elle a déjà pris son envol…