Si vous êtes un‧e professionnel‧le de l’écrit, vous avez sans doute déjà eu affaire à la police de la langue française qui sévit sur les réseaux sociaux. Et avouez-le, vous avez probablement, au moins une fois, endossé l’uniforme des agents de cette terrible police, en relevant dans un post une erreur d’orthographe ou de grammaire absolument inadmissible. Mais la guerre du français a bien trop duré, et les Linguistes Atterré‧es ont décidé de siffler la fin de partie en remettant tout le monde à sa place. En effet, selon elleux, les grammaires et les dictionnaires ne sont pas des tables de lois gravées dans le marbre. Pour étayer leur discours, iels ont publié un petit livre qui démonte dix idées reçues sur la langue française. En voici trois pour vous aider à vous détendre et peut-être même, à déposer les armes :
Le français n’appartient pas à la France
Le français ne se limite pas à la France et n’appartient pas exclusivement aux Français. En raison de la colonisation et de la diaspora européenne, il est aujourd’hui partagé par plus de 300 millions de personnes dans le monde. Le français n’a jamais été homogène et il en existe de nombreuses variétés linguistiques. Il est donc nécessaire de favoriser l’éducation plurilingue. Aujourd’hui, l’avenir du français, en tant que langue mondiale, se joue en Afrique où se trouve la plus grande ville francophone du monde : Kinshasa et ses 17 millions d’habitants, en République démocratique du Congo.
Le français parlé n’est pas déficient
L’oral ne doit pas être comparé à l’écrit comme une version appauvrie, car les deux modes diffèrent dans leur production et leur contexte. L’oral a sa propre grammaire, avec des variations de vocabulaire, de structure et d’intonation. Les variantes orales ne sont pas des erreurs, mais des caractéristiques de la communication spontanée. Les règles grammaticales et les tours complexes de l’oral sont souvent méconnus. Avec l’avènement des communications écrites sur les réseaux sociaux, la distinction entre l’oral et l’écrit perd en pertinence.
Le français n’est pas « massacré » par les jeunes, etc.
Les variations linguistiques, comme le jargon des jeunes, sont normales et adaptatives. La vitalité d’une langue dépend de son utilisation dans divers contextes. Les linguistes reconnaissent ainsi les variations régionales, sociales et de style sans les hiérarchiser. La valorisation de certaines variantes vient souvent de facteurs sociaux, et le mépris linguistique reflète des préjugés de classe. Les véritables dangers pour une langue sont la réduction de ses usages et sa transmission interrompue.
Pour tout savoir sur l’association des Linguistes Atterré‧es, rendez-vous sur leur site : tract-linguistes.org
Le français va très bien, merci, les Linguistes Atterré‧es, Tracts Gallimard, 3,90€
(à ce prix-là, vous pouvez l’offrir à tous vos ami‧es et vos collègues !)