Est-ce parce que l’étymologie du prénom Cécile renvoie à « cecilii », « aveugle », que Cécile Coulmain a la passion chevillée au corps de « donner à voir » ? Enthousiaste, joyeuse, elle est aussi généreuse en paroles qu’en gestes pour partager une pensée complexe et élaborée. D’une grande lucidité sur ses forces et ses faiblesses, elle porte un regard tendre et aigu sur son parcours, ses envies, ses rêves.
Cécile se sent chez elle à Lyon, sa « terre d’élection », où grandit sa famille, après une enfance passée en Bretagne. « Sans être bretonne pour autant, il faut respecter l’appartenance à la terre des vrais bretons », précise t-elle.
Baignée dans les mots dits,
Cécile découvre à 6 ans qu’elle peut écouter des histoires sans dépendre des adultes, grâce à un radiocassette offert par sa grand-mère. Une passion pour les mots en découlera. Elle est d’abord bercée par les K7 de l’Ours Collargol et des Malheurs de Sophie – « j’avais des goûts de vieux quand j’étais jeune », confie t’elle dans un sourire. Pendant longtemps ont suivis les podcasts, notamment les replays d’émissions sur l’appli de Radio France. Aujourd’hui jeune maman moins libre de ses loisirs, elle aime « capter l’air du temps » à travers la radio et la presse sans intention particulière. Elle dit aussi qu’elle a des loisirs de prof sans être prof, une jolie manière d’évoquer son goût pour la scène culturelle lyonnaise, notamment le spectacle vivant comme la danse ou le cirque.
Les mots dits, les mots lus aussi. Enfant comme adulte, pour Cécile la lecture est fluide, « le livre est un objet du quotidien, pas sacralisé, pas dogmatisé ». Avec Cécile on a le droit de ne pas finir un livre qui ne nous plait pas, mais souligner des passages et corner, ce n’est pas le genre de la maison. Sans marque page, elle retient la page à laquelle elle s’est arrêtée. Des classiques, pas de SF mais quelques polars et une passion enfantine pour l’Histoire.
Les mots dits, les mots lus. Et puis les mots écrits.
Pendant longtemps ce n’est pas une passion malgré quelques correspondances adolescentes où nait le goût pour une écriture humoristique. Des effets de style pour croquer une situation cocasse et pour faire rire. Cécile aime faire rire. Et y parvient facilement ! Elle a le goût du bon mot, de l’accroche : « j’ai suivi le mouvement de mes envies », « longtemps j’ai cru que la vie réelle n’existait pas », « les études devaient mener à un métier ? Je ne voyais pas le rapport ! ». Le goût de l’écriture arrivera avec celui de la philosophie découverte en prépa et approfondie à la fac. Attirée par cette matière qui permet « la modélisation de ce que l’on a en soi », elle découvre notamment la philosophie morale. Elle aime cette alliance subtile entre l’intuition et la rigueur du raisonnement. L’écriture lui permettra de déplier sa pensée, de la rendre plus aboutie. Encore aujourd’hui, elle aime élaborer une pensée et aller jusqu’à imaginer sa traduction concrète, en actions. Notamment en politiques publiques. Elle découvre puis enseigne l’analyse des politiques publiques à Sciences-Po Lyon et va jusqu’à entamer un Doctorat. Ce qu’elle aime dans la recherche ? L’appliquer au réel ! Ce qu’elle fera pour la Métropole de Lyon où elle a aimé l’enquête, l’écoute, la synthèse, la mise en perspective. Psychologiquement comme physiquement, Cécile aime se creuser la tête. Elle aime manier les idées, oui. Mais pas consacrer sa vie à un champ de recherche limité. Après quelques années, elle décide de sortir du monde universitaire, pour dit-elle « développer une pensée plus appliquée et être davantage dans l’action ».
La formule magique
Pour ce saut dans un nouvel inconnu, elle choisit la fédération des centres sociaux du Rhône et de la Métropole. Elle découvre alors la formule magique : mots pensés + mots lus + mots dits + mots écrits = communication. Ce sera une communication politique, au service de la DG, pour « élaborer une pensée incarnée dans des discours, des cahiers, des livres blancs de recommandations.» Cette expérience lui « plait beaucoup ». Elle a aimé contribuer à « faire société, répondre aux grands enjeux qui nous traversent, individuellement et collectivement ». Elle découvre qu’elle aime être au service d’un projet collectif, d’intérêt général, politique finalement. « Politique au sens politeia », précise t’elle.
L’envie de se lever le matin
Cette ambition d’intérêt général s’exprime dans son choix professionnel suivant : la coordination de l’Observatoire National des centres sociaux et des espaces de vie sociale, où elle aime « faire parler les chiffres » et « donner à voir ». Expression qu’elle utilise souvent pour décrire son rôle dans la société, là où elle se sent le mieux. « Valoriser » dans les deux sens : « donner de la valeur et mettre en lumière ». Elle travaillera alors sur des sujets de transition importants pour la société : numérique, écologique.
Avant de faire sa propre transition en tant qu’indépendante en répondant à cette question : « quelle activité me donne envie de me lever le matin avec joie ? » La réponse était toute trouvée : la pensée, l’analyse, l’écriture, au service de projets qui ont du sens. Encore et toujours, « mettre les mots au service de l’action ».
Les yeux bleus rieurs et sérieux à la fois, Cécile est rapide, elle dit qu’elle « papillonne ». Cette expression convient bien à sa manière de penser, d’une idée à l’autre, dans un raisonnement au premier abord complexe mais finalement lumineux et plein de bon sens. Comme une abeille qui butinerait et ramènerait son précieux nectar dans la ruche pour le partager. Car Cécile est animée par une valeur fondamentale : le lien. Elle veut « créer des ponts, de la transversalité ». Héritage de la pensée philosophie, elle aime que « les objets aient plusieurs facettes ». Les dévoiler pour mieux se comprendre, trouver des solutions ensemble. Sa méthode ? Ecouter, comprendre, mettre en lien, valoriser, légitimer. Conseiller. Elle se sent à sa place au centre d’un écosystème dont elle doit comprendre toutes les parties prenantes pour faire émerger une synthèse comme des idées nouvelles.
Merci de « faire parler les mondes », Cécile !
Amandine Fourleignie Duc pour La Guilde des Plumes
Les recommandations de Cécile
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