Le discours du Sénateur Malhuret sur Trump, vous l’avez vu ?

J’en ai relevé 7 points remarquables.
Ils participent à cette alchimie mystérieuse qui rend un discours viral. Tous les ingrédients ne sont pas cités. Peut-être en avez-vous noté d’autres ?

En tous cas, souvenez-vous : si la recette est reproductible, le résultat n’est pas garanti !

1/ Jouer sur les contrastes

Oui, Malhuret ressemble à un notaire de province et s’exprime avec componction. C’est là le premier ingrédient gagnant de son discours : la différence entre le ton posé et la précision cruelle de ses piques.

2/ Maîtriser l’art de la formule

L’accroche est citée partout « Washington est devenue la cour de Néron. Un empereur incendiaire, des courtisans soumis et un bouffon sous kétamine ».
Elle explique sans doute une bonne partie du buzz mondial. La comparaison avec Néron, empereur fou, est une belle trouvaille qui va sans doute rester collée à Trump.
Lui qui aime tant affubler les autres de surnoms, le voilà pris à son propre jeu.

3/ Utiliser la perspective historique

« Jamais dans l’Histoire » est une expression que l’on retrouve constamment dans les discours de Trump. Généralement pour prédire des succès éclatants.
La formule est ici reprise contre lui : « Jamais dans l’histoire un président des États-Unis n’a capitulé devant l’ennemi. Jamais aucun n’a soutenu un agresseur contre un allié. Jamais aucun n’a piétiné la Constitution […] »

4/ Connaitre le bon usage du point Godwin

Malhuret ne s’arrête pas là. Tout en restant mesuré dans le constat « c’est un début de confiscation de la démocratie », il n’hésite pas à comparer la situation avec la montée du nazisme « Il n’a fallu qu’un mois, trois semaines et deux jours pour mettre à bas la République de Weimar et sa constitution. »

5/ Dresser l’acte d’accusation

De sa voix tranquille, le sénateur assène des coups de boutoir. Trump est qualifié de « traitre », qui a permis que « les États-Unis [votent] à l’ONU avec la Russie et la Corée du Nord contre les Européens ». Au passage il pointe « le planqué du service militaire [donnant] des leçons de stratégie au héros de guerre Zelensky »

6/ Synthétiser le problème

C’est une réponse à ceux qui pensent que, mais non, la Russie ne nous fera jamais la guerre. Il définit précisément le but de Poutine : le retour à Yalta.
Pour ce qui est de Trump, le partage du monde pourrait ressembler à ceci « À moi le Groenland, le Panama et le Canada ; à toi l’Ukraine, les pays baltes et l’Europe de l’Est ; à lui Taïwan et la mer de Chine. »

7/ Reformuler les enjeux

Le moment est historique et chacun doit le mesurer. Au-delà de l’avenir de l’alliance atlantique, c’est bien le sort de la démocratie qui est en jeu.
« Nos parents ont vaincu le fascisme et le communisme, au prix de tous les sacrifices. La tâche de notre génération est de vaincre les totalitarismes du XXIe siècle.
Vive l’Ukraine libre, vive l’Europe démocratique. »

Laurent Jauffret pour La Guilde des Plumes