Le blog de la Guilde des Plumes

Paranoia Agent : quand les histoires qu’on invente deviennent meurtrières.

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Paranoia Agent est une série d’animation d’une saison de Satoshi Kon, génial réalisateur japonais – il est notamment l’auteur de Paprika, un long-métrage qui a fortement inspiré Inception.

À ne pas mettre devant tous les yeux, la série tourne autour d’un mystérieux enfant à rollers qui s’en prend aux passants avec une batte de baseball. Insaisissable agresseur, doté de pouvoirs qui semblent surnaturels, il finit par plonger tout Tokyo dans la paranoïa du titre.

Cette overdose de récits est particulièrement prégnante dans l’épisode 9, où quatre voisines rivalisent d’histoires dans la cour de leur lotissement. Toutes mettent en scène l’énigmatique personnage, et toutes sont plus abracadabrantes les unes que les autres. Jusqu’à celle de la dernière arrivée, qui va pourtant être ridiculisée…

Précurseurs (la série est sortie en 2005), Satoshi Kon et son scénariste Seishi Minakami posent la question de la viralité de la rumeur, à une époque où la notion de fake news n’était pas aussi explosive qu’aujourd’hui. Mêlant monde « réel » et « imaginaire » (les enquêteurs se trouvent à un moment propulsés dans un univers parallèle qui n’est pas sans rappeler les jeux de rôle en ligne), ils montrent que les histoires que l’on (se) raconte peuvent avoir des conséquences dévastatrices.

La scène de clôture est la même que celle d’ouverture : une foule pressée dans le métro, chacun les yeux rivés sur son téléphone.

Derrière ce calme apparent, la menace gronde.

Renée Zachariou pour La Guilde des Plumes