Le blog de la Guilde des Plumes

Festival Bellanger à la conférence d’automne de la Guilde des Plumes

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“Le réel est un sous-produit du roman”. Des phrases comme ça, Aurélien Bellanger en a plein sa besace tant il pratique avec maestria l’art de l’affirmation paradoxale.

Voici, cueillies au fil de ses échanges avec Chloé Perrot lors de son interview du lundi 9 décembre à la Guilde des Plumes, quelques idées non reçues de sa pensée foisonnante.

 

Politique ou religion ?

Dans son dernier livre, Les derniers jours du Parti socialiste il décrit l’implosion de la gauche autour d’une vision dévoyée de la laïcité. Mais l’ouvrage est aussi potentiellement le 3ème tome d’une histoire du christianisme. Le deuxième – encore à écrire – traiterait du catholicisme du XIXe à Vatican II. Aucun détail sur le 1er à cette heure.

 

Polémique ou paradoxes

Aurélien Bellanger pratique une forme d’aïkido intellectuel. Face aux contradictions courtoises de la salle, il ne s’oppose pas frontalement mais accompagne leur mouvement.
Avec un mélange de franchise candide et d’autodérision, il avoue ne pas toujours être une bonne personne, ne pas toujours être guidé par des motivations nobles… Son humour désamorce les prévisibles conflits d’une discussion politique en 2024.

 

Hugo et Dickens

D’ailleurs il a été question de bien d ‘autres choses que de politique durant cette heure passée ensemble.

De littérature notamment : interrogé sur la compatibilité entre littérature et bons sentiments, Bellanger rappelle que Hugo et Dickens, les deux plus grands écrivains du XIXe siècle, en furent les porte-drapeaux. Ce sont même eux qui ont inventé ce genre littéraire.

 

Balzac ou Marx

Si l’on associe souvent Bellanger à Balzac et sa Comédie humaine, son véritable modèle pourrait aussi bien être Marx.

Marx, meilleur journaliste de son temps, dont la compréhension de la révolution de 1848 est si fine et complète qu’elle lui permet d’avoir la vision de l’ensemble du système et d’écrire le Capital ensuite.

 

Essai ou roman

Contrairement à l’essai, qui exige rigueur et cohérence systématique, le roman permet des affirmations audacieuses et libres, portées par les personnages. Bellanger, pour l’instant, se « contente » de romancer notre époque plutôt que d’écrire son Kapital.

 

Conclusion ou call to action ?

OK Bellanger dit et a dit bien d’autres choses…

Au public (nous étions 70) et à vous lecteurices de ses livres de compléter.

Une dernière remarque : prendre des notes face à lui relève de l’exploit. Trois idées par phrase, et bien plus de trois phrases par minute.

Après son passage, le public reste ébouriffé, abasourdi mais réjoui.

 

Laurent Jauffret pour La Guilde des Plumes