Pour Bénédicte, tout a commencé il y a une dizaine d’années, dans un avion à destination de Zurich.
Elle n’avait jusqu’à présent jamais souhaité, ni même envisagé, être plume. De fait, elle ignorait tout de ce métier. Chez Hewlett Packard (HP), l’entreprise qu’elle avait intégrée dès la fin de ses études aux Etats Unis, elle découvrait des postes avec enthousiasme, au gré des rencontres et des réorganisations: Achats, analyse business, expérience client… Seuls points communs à tous ces rôles : le périmètre, toujours international, et la langue, l’anglais.
Elle doit le tournant de sa carrière à son manager de l’époque, Maurice FitzGerald. C’est lui qui l’a poussée à aller en Suisse et à tenter sa chance pour un poste de responsable communication pour le patron de la zone Europe, Moyen Orient et Afrique. Elle était loin d’imaginer qu’elle serait retenue et que, deux mois plus tard, elle accompagnerait son nouveau patron à Las Vegas, puis au World Economic Forum de Davos.
Bénédicte est ainsi devenue plume « par hasard».
Si ce terme n’apparaît pas explicitement dans l’intitulé de son poste (1), c’est que ses fonctions sont plus vastes que la seule rédaction d’éléments de langage. Le positionnement de la marque, la présence digitale et la marque dirigeant font partie intégrante de ses missions.
Pour autant, son travail ne se réduit pas à cette seule dimension stratégique. Pour elle, l’humain est au cœur de tout. « On travaille d’abord et avant tout pour un dirigeant ou une dirigeante. Les priorités stratégiques qu’il ou elle a en tête, la culture qu’il ou elle souhaite renforcer, son énergie, la manière dont il ou elle pense, écrit, parle, bouge, rit même, la manière dont il ou elle appréhende le digital, tout ça compte. Ça joue forcément sur les mots et sur les formats que je choisis pour toucher l’audience. »
Elle adapte donc constamment son style à la personnalité et aux parcours respectifs de ses orateurs. Quatre en dix ans : Tchèque, Britannique, et aujourd’hui deux Américains (un homme et une femme).
Bénédicte reconnaît avoir la chance d’avoir des contacts réguliers avec eux. Pour elle, cette proximité est d’autant plus importante qu’elle vit à Lyon et eux…non loin de New-York ! Les journées sont longues certes, mais ce décalage horaire et géographique lui permet une respiration nécessaire pour effectuer le reste de sa mission et un travail de veille sur les sujets qui sont au cœur de la stratégie de l’entreprise, technologie et économie circulaire notamment.
L’anglais lui permet de faire plus court, plus clair, parfois plus simple. Elle ne craint pas de caviarder ses textes. Et si le doute la prend, elle relève la tête pour lire, sur un petit carré de céramique posé sur son bureau, le seul conseil qui vaille : Write without fear. Edit without mercy.
Bénédicte considère sa nationalité française comme un atout : « HPE a des employés et des clients dans le monde entier. Être française m’aide naturellement à me souvenir que le discours doit être pensé et écrit pour des audiences variées, diverses et souvent multiculturelles. »
En 2019, elle découvre La Guilde des Plumes sur les réseaux sociaux, via le European Speechwriters Network. Quelques mois plus tard, elle participe à une première rencontre en ligne, dont elle relate l’expérience dans un billet. Depuis, elle a rejoint le conseil d’administration de l’association. La Guilde lui permet de mettre des mots sur sa pratique et de côtoyer des personnes dont la variété des profils et des missions l’inspire. « J’aurais adoré connaître et échanger avec d’autres plumes en 2010, j’aurais été beaucoup plus détendue sur ma prise de poste ! » s’amuse-t-elle.
Véritable « plume hybride », Bénédicte est de celles qui manient aussi bien l’anglais que le français, qui analysent et conseillent autant qu’elles écrivent, consciente que ce métier de plume en entreprise ne consiste pas uniquement en l’écriture du discours, mais commence bien avant et finit toujours après.
(1) Executive and Strategic Communications, désormais chez Hewlett Packard Enterprise (HPE) et HPE Financial Services