Cette plume d’entreprise a commencé dans… la politique ! C’est en effet auprès de plusieurs Porte-Parole du Gouvernement – Luc Chatel, François Baroin puis Valérie Pécresse – que Frédéric Vallois a cultivé l’amour de l’écriture. Comme il le dit lui-même : « Au Porte-parolat, j’ai pleinement saisi à quel point les mots pouvaient avoir des conséquences parfois très lourdes. En situation de crise notamment, une expression de travers du Porte-Parole du Gouvernement peut avoir un impact énorme. »
En 2012, changement de décor : Frédéric Vallois est nommé plume auprès du Directoire du groupe Vivendi, des fonctions qui l’amènent à remettre du temps long dans la parole des dirigeants : « Pour une entreprise, la plume constitue un outil de communication très précieux, car elle remet les événements en perspective ! »
Plaquettes, rapport annuel, préparation de newsletter… les tâches chez Vivendi ne manquent pas, mais Frédéric garde une prédilection pour le discours. « Disons que j’aime beaucoup écrire pour quelqu’un d’autre, en collant à sa personnalité. Je compare cela au théâtre : un discours réussi, c’est une fine alchimie, qui dépend autant de l’orateur que de la plume. »
Est-il pour autant si facile d’être plume à notre époque d’information en continu et de capacités de concentration réduites ? Pour Frédéric au contraire, ces nouveaux défis font tout le sel de son métier : « Je crois qu’à notre époque, il ne faut pas chercher à communiquer plus, mais au contraire à communiquer mieux ! Et qui mieux que la plume peut aider un dirigeant à communiquer mieux ? »
Encore faut-il pouvoir s’appuyer sur une plume de qualité… Pour Frédéric, cela passe d’abord par l’amour des mots et « cet amour s’entretient en lisant beaucoup, surtout de la littérature, des livres qui n’ont rien à voir avec votre domaine d’activité ! » C’est à cette condition que la plume saura éviter les expressions répétées à satiété comme « disruption », « ubériser »… Autre qualité importante, la sensibilité au locuteur : « Une plume ne doit jamais oublier qu’elle écrit d’abord et avant tout pour autrui ! »
Ces principes structurent son activité au quotidien : « Quand je commence à réfléchir à un discours, j’aime bien passer du temps avec celui ou celle qui va s’exprimer, pour avoir la ligne à tenir. » Ses collègues vous diront que Frédéric peut travailler n’importe où, même s’il préfère son bureau – le clavier a désormais remplacé la plume ! Mais prière de ne rien lui demander pendant les matchs du PSG : lorsque son club favori est de sortie, Frédéric n’est là pour personne !
Les plumes ont-elles un style qui leur est propre ? En pratique pas vraiment puisqu’il s’agit avant tout de la prêter à d’autres. Mais certaines qualités restent indispensables : « D’abord et avant tout, beaucoup de rigueur ! Je ne peux pas me permettre de donner un chiffre faux, une donnée imprécise… aux dirigeants pour lesquels j’écris ! » Rigueur… et imagination : « C’est tout un équilibre à trouver ! Il me faut être rigoureux et créatif, avec un fil rouge : bien faire passer les messages ! J’ai ainsi pu dire que la plume est un communicant qui avance masqué. »
Dans dix ans, Frédéric se voit « plume, bien évidemment ! J’aimerais aussi continuer à explorer le groupe Vivendi, qui a de nombreux sujets passionnants à offrir ! » Ce vœu a été exaucé puisqu’on lui a confié, fin 2018, la direction de la communication interne du groupe, en plus de sa mission de plume. Frédéric aimerait aussi continuer à réfléchir sur la communication, sujet qu’il a creusé ces dernières années, comme en témoignent ses tribunes déjà nombreuses dans L’Opinion, Les Echos… ou l’enseignement en communication politique qu’il dispense à Sciences Po.
Mais cette plume si active a-t-elle le temps de lire ? « Evidemment, car une plume doit lire ! » En souvenir de son AbiBac franco-allemand passé au lycée de Buc, Frédéric Vallois conserve une certaine inclination pour la langue de Goethe. Mais le goût des mots, l’intérêt pour la communication n’est jamais très loin de ses lectures du moment. La dernière en date ? « La civilisation du poisson rouge, de Bruno Patino ! Un essai passionnant qui montre bien comme le numérique peut diminuer notre capacité d’attention, et le temps que nous pouvons consacrer à chaque chose. » Toujours le temps long…
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