Avant de rencontrer Antonin, je ne le connaissais pas. Lapalissade, me direz-vous ! Mais je l’assume, parce que parfois, les inconnus ne le restent pas longtemps. Quelques échanges de mails, un rendez-vous en visio, des points communs dus au hasard, et un article qu’il a signé sur Aramis alors que Dumas est mon idole absolue depuis un temps qu’Antonin ne peut pas connaître…
Finalement, ce que je préfère dans ce sympathique exercice du portrait croisé, je crois que c’est ça. La rencontre.
La lecture qui structure
Antonin doute. De lui, de sa plume, de sa place. De sa légitimité. Quand je vous disais que nous avions des points communs ! Mais ça ne dure pas. Le naturel et le sourire reviennent au galop, et c’est tant mieux.
Et puisque nous sommes à La Guilde des Plumes, nous allons parler des mots et d’émotions. Enfant, Antonin ne lit pas beaucoup… Il ne se canalise pas assez pour passer des heures sur un bouquin. Alors finalement, c’est à la fac de Nancy qu’il découvre vraiment les joies de la lecture.
Il suit un Master à Sciences-Po, juste pour le plaisir de ne surtout pas choisir entre le droit et l’économie. Il lit des essais politiques, des témoignages de personnalités. Il s’intéresse à toutes les thématiques, élargit ses horizons. Il apprend. Et il découvre que nos décideurs payent des professionnels pour écrire à leur place. Mais au fait, c’est une bonne ou une mauvaise situation, ça, plume ?
De l’ombre à la lumière
Antonin est fasciné par l’idée d’écrire sur des sujets qui lui tiennent à cœur, mais sans s’exposer pour autant. Son truc à lui, ce sont les coulisses. D’ailleurs, l’écriture est pour lui une activité intime, un peu cachée, qu’il ne partage qu’en cercle très restreint. Ce n’est pas si facile d’assumer qu’on écrit !
Et La Guilde l’a beaucoup aidé (c’est lui qui le dit). Il découvre l’association au hasard d’une recherche en ligne. Il adhère directement et le contact se noue. Et jusqu’à tout récemment, il était membre du Conseil d’administration de notre collectif de plumes.
Collectif : un mot qui compte beaucoup pour Antonin. D’ailleurs, c’est pendant les concours de plaidoirie ou d’éloquence en équipe, quand il était à Nancy, qu’il a commencé à chercher le bon mot, la bonne rime, le bon rythme. Pour le verbe, mais aussi pour le jeu.
Engagé, oui. Partisan, non.
Petit à petit, Antonin se détourne du politique. Car il ne trouve pas de parti ou de personnalité qui lui convienne à 100%. Il conçoit l’écriture comme une compétence qu’il peut exercer en-dehors de la sphère publique et politique. Rendre les autres visibles, avec ses mots.
Après ses études, il travaille dans une agence de communication. Il rédige pour des entreprises privées, des décideurs, des entrepreneurs. Il aime ça, pourtant il n’est pas toujours à l’aise. Car s’il n’est pas en accord avec les valeurs du client, il n’a pas très envie d’écrire. Même s’il pourrait le faire, les mots se dérobent.
Aujourd’hui, c’est dans sa vie personnelle qu’Antonin fait une place à l’écriture. Il ressent une envie de s’exprimer, de coucher sur le papier ou sur l’écran des détails, des souvenirs, des choix. Il apprivoise son écriture et s’autorise, tout doucement, à poser des revendications désormais personnelles. Même si elles n’ont pas forcément vocation à être publiées. Ou pas encore. Et en attendant, il lit. Plutôt des romans, désormais.
Ceux qui l’aiment prendront le train
Si Antonin s’est éloigné de l’écriture professionnelle, il n’a pas pour autant cessé de chercher un métier qui ait du sens. Il a juste pris une autre voie. Après tout, les aiguillages sont faits pour ça ! Et il en connaît un rayon, puisque depuis janvier dernier, il est gestionnaire de plans de transport à la SNCF.
Il veille à ce que tout se passe bien. Il prend soin des voyageurs d’Île-de-France ou de Centre-Val-de-Loire, et il aime ça ! Si votre prochain voyage se fait avec un train, un conducteur et une autorisation de circuler, alors c’est qu’Antonin a bien travaillé.
Une plume qui fait les trois huit, ce n’est pas banal ! Mais Antonin apprécie ce rythme atypique. Il en profite pour écrire, pour lire, pour réfléchir à la place du travail dans sa vie ou à toute autre chose qui ne nous regarde pas 😉Et il doute encore… Enfin, un peu.