Prendre de la hauteur
À quelques semaines des cérémonies de vœux, chacun·e voudrait pouvoir transcender le rituel : dire mieux, plus vrai et marquer les esprits. Mais prenons d’abord un temps de recul. À l’origine, le mot vœu a un sens religieux : il est une prière faite à une divinité pour lui être agréable. Il partage d’ailleurs la même racine latine que le mot vote, renvoyant cette fois à une promesse faite en fonction d’une requête. Entre séduction et vœu pieux, l’exercice est aussi politique. Mais veillez tout de même à personnaliser votre discours, faites des vœux sincères. Car si l’on sème des vœux comme on plante des graines pour la nouvelle année, ils n’en seront que plus fertiles.
Capter immédiatement l’attention
Vous arrive-t-il de saisir le col de veste de votre interlocuteur dans une discussion ? C’est bien ça l’idée de l’exorde, c’est-à-dire des premières secondes de votre discours de vœux. Laissez tomber les formules de politesse (vous les replacerez plus loin dans votre développement) et entrez tout de suite dans le vif du sujet. Utilisez par exemple un mot-clef qui donne le ton de votre message, une anecdote frappante, une citation inspirante, un poème ou une chanson de circonstance.
N’oubliez pas que si personne ne va quitter la salle, tout le monde peut s’échapper virtuellement via son smartphone…
Raconter des histoires
Lorsque l’on regarde dans le rétroviseur de l’année écoulée, il est parfois difficile d’échapper à une litanie de généralités. On remercie « les associations et les acteurs économiques ». On ne nomme pas pour ne rien oublier, et plus personne ne se reconnaît. Un conseil, donnez de la chair à votre discours : racontez des histoires. Les écrivain‧es n’ont rien inventé de mieux pour parler aux lecteurs. Et peut-être que si vous parlez de Mme A. et pas de Mme H., Mme H. plutôt que de se vexer, aura le sentiment que c’est d’elle aussi dont vous parlez.
Donner du sens
Au-delà des mots eux-mêmes, rappelez-vous qu’un discours de vœux n’est pas un discours de politique générale ni un discours sur l’état de l’Union. Il y a une dimension spirituelle dans l’exercice des vœux, quelque chose qui relève du “faire communauté”, de se rappeler ce qui nous lie sur un territoire, au-delà des mots-valises. Les vœux sont un temps de gratitude, de célébration et d’inclusion dans une communauté de sens et d’action.
Tenir compte de l’auditoire
Bien entendu, la façon de traduire cela dans un discours dépend de l’audience face à vous. Si le fond du discours de vœux ne change pas, sa structure, son rythme, ses accentuations varieront d’un discours de vœux institutionnels à un discours de vœux dans un quartier ou devant les agents. Mais quelle que soit l’audience, souvenez-vous que l’audience attend souvent…les petits fours, la galette ou la brioche qui suivront votre discours. Les gens sont autant là pour vous que pour la convivialité du moment et des gens qu’ils vont y retrouver.
S’imprégner du lieu
Raconter une histoire, c’est aussi planter le décor avec des références au lieu, à la période, à l’Histoire. A cette même place, d’autres que vous ont prononcé des vœux, et d’autres vous succéderont à cet exercice. Des événements marquants s’y sont produits, des décisions fortes y ont été prises. Montrez à votre auditoire que ce lieu et cet instant sont aujourd’hui vôtres, puis inscrivez-vous avec humilité dans la continuité d’une histoire plus grande encore.
Marquer des pauses
Faire court oui, faire vite non : gardez en mémoire que, si vous devez respirer, votre auditoire aussi ! Dans votre texte, ménagez-vous à cet effet quelques pauses, à la fin d’une idée forte par exemple. L’objectif est de laisser à chacun de vos mots, et en particulier à vos idées fortes et autres punchlines, le temps de s’imprimer dans les esprits. Et bien sûr, profitez des applaudissements, prévus ou spontanés, qui sont autant de respirations bienvenues pour tou·tes.
Ne pas oublier la période préélectorale
Les mois qui précèdent un scrutin sont très réglementés en matière de communication politique. Par prudence, beaucoup d’élus suppriment la cérémonie des vœux. Si vous la maintenez, n’en changez pas le format : pas de grand-messe à 1000 personnes si vous en invitez d’habitude la moitié, pas de cadeau à 100 euros si vous offrez généralement un marque-page. Et le discours doit être neutre : ni éléments de bilan, ni promesses électorales.
Écrire à voix haute
Un discours n’a pas vocation à être lu pour soi, mais prononcé devant un public. Cette lapalissade rappelle au rédacteur l’importance de travailler la langue pour qu’elle soit fluide, rythmée, vivante. Adaptez-vous à la personnalité de votre orateur ou oratrice pour que chacun de vos mots corresponde à sa diction et à son caractère. Et pour plus de convivialité, plus de corps, n’hésitez pas à interpeller l’auditoire avec des questions ou des jeux de mots.
Tenter autre chose
Avez-vous déjà essayé le discours à plusieurs voix ? Les maires qui laissent la parole à, au choix : l’équipe municipale / les associations / les habitants, peuvent ainsi incarner mieux en parlant moins.
Attention, l’exercice ne supporte pas l’improvisation. La façon de procéder la plus simple est l’écriture d’un texte par une seule personne mais validé par chacun‧e des participant‧es. Une répétition et un peu de coaching sont nécessaires mais le résultat peut être bluffant – à mi-chemin entre une chanson des Restos du Cœur et un TEDx.