« Si nous écrivions tous de la même manière, le métier n’existerait pas. » Ces quelques mots en disent long sur la vision qu’a Marion Haug du métier de plume. Pourtant, avant son entrée dans le monde du travail, vivre de son écriture ne lui semblait pas envisageable.
C’est dans le Grand Est que se jouent les premiers chapitres de son parcours. Après une enfance champenoise, Marion arrive à Nancy où une licence AES (administration économique et sociale) lui permet de travailler plusieurs matières sans avoir à faire un choix, à part peut-être celui de l’amitié, véritable motif de son arrivée dans la capitale des ducs de Lorraine. Quatre années à Nancy où les études ne la passionnent pas.
Où le vent l’emportera
Et si en matière professionnelle les premières années étaient à offrir aux pérégrinations ?
Quand les études arrivent à leur terme et qu’il devient délicat de repousser les choix à plus tard, il reste, heureusement, les stages. Direction la Suisse et Genève, où deux expériences aux Nations Unies permettent à Marion de travailler sur des dossiers de communication, tout sauf son domaine a priori. Mais puisque le hasard fait bien les choses, c’est ce qui l’occupera pendant douze ans par la suite.
Avant d’en arriver là, quelques détours : l’hôtellerie, une brève incursion en territoire de l’Ouest, à Noirmoutier, avant de débarquer à Lyon en une semaine avec un sac à dos et un tout nouveau programme, droit international et droit public avec un job hôtelier en parallèle. Cela a son importance, car si son avenir de plume est encore loin, Marion écrit déjà, elle écrit en cachette, pour elle, et bientôt pour être lue. Elle ignore encore que vivre de son écriture peut devenir une option.
Ses diplômes de master et le concours d’attachée territoriale en poche, Marion pose ses valises à Strasbourg cette fois où elle prend la tête du secrétariat particulier du président de la communauté urbaine. Nouvelles missions dans une nouvelle ville avec la garantie – et pas des moindres – de pouvoir profiter d’un des plus beaux marchés de Noël avec sa grand-mère.
Retour à Lyon sans militantisme mais avec conviction
Le chemin se trace et les choix de Marion se précisent. Une ville d’adoption : Lyon. Un domaine : la communication. Et j’ai une bonne nouvelle à vous annoncer. Le parcours de Marion montre qu’on peut travailler proche des politiques et ce pour différentes sensibilités sans se renier. En effet, Marion ne se sent pas militante. À Strasbourg comme à Lyon, où elle rejoint le cabinet de la présidence du conseil régional, la majorité n’est pas du même bord, et cela n’a jamais été un problème.
Après avoir rejoint la dircom’ où les prérogatives ne sont pas étrangères à celles d’un cabinet, Marion étudie au Celsa pour assoir sa légitimité dans le domaine. C’est la confirmation que son choix était le bon. Elle découvre qu’elle apprécie la dimension stratégique de la communication et la gestion de projet.
Et l’écriture dans tout cela ? Ses premiers textes personnels sont publiés sous pseudo même si cette activité n’est pas encore revendiquée auprès de son entourage. Cependant, bien que l’écriture ne la quitte jamais, ses fonctions évoluent vers l’encadrement d’une équipe de communicants, ce qui l’éloigne de la rédaction en tant que telle. Or, ce qui anime Marion, c’est l’aube des projets, leur phase de construction.
Devenir plume to be free
Dans sa pratique, Marion ressent le besoin de jouer avec et sur les mots, de les travailler. Et si à dix-huit ans, vivre de son écriture lui semblait être la seule manne des écrivains, les choses ont changé. La communication a pris une place prépondérante, incitant les organisations à s’appuyer sur les mots pour façonner leur image et revendiquer leurs actions. L’internet y est pour beaucoup aussi.
Des constats qui amènent Marion à se lancer à son compte en 2022. À la tête de Scribox, elle est désormais rédactrice freelance. Un saut dans le vide ? Autant qu’une décision réfléchie ces dernières années, le temps de murir le projet et de se sentir légitime.
Bien que la musique ne soit pas son domaine de prédilection, elle voit les mots comme des notes et tâche de leur insuffler du sens, un rythme et une tonalité. Ces mots lui permettent de façonner les histoires des institutions et des personnes à qui elle tâche de faire honneur à travers sa plume. Et sa joie vient en partie de l’immense diversité des pratiques du métier, à l’image des profils qui composent la Guilde. Même dans les contraintes imposées par les différents formats, elle voit un jeu et la possibilité de devenir meilleure.
Quand Marion n’écrit pas, elle lit des romans. Elle apprécie les polars et les grandes épopées, de préférence des histoires qui se finissent bien et où triomphent les personnages que l’on attendait le moins.
Quelques années se sont écoulées depuis son arrivée à Lyon. La géographie, un peu de hasard, les mots d’Alexandre Dumas et un tas d’autres ingrédients dont seule Marion a le secret l’ont conduite à faire ce qu’elle fait aujourd’hui : écrire pour les autres. L’aventure en est à ses premiers jours, un vrai bonheur pour qui aime quand tout est à construire.